Valérie Lieko

Valérie Lieko

Le dreamcatcher

Le Dreamcatcher (ou Attrape-rêves ou encore Capteur de rêves) est un objet artisanal surprenant que vous commencez à voir « fleurir » un peu partout sur l’île de Saint-Martin.

Plusieurs artistes locaux en confectionnent d’ailleurs de merveilleux.

Cet objet d’origine amérindienne, habituellement destiné aux enfants, est utilisé pour éloigner les mauvais rêves.

Un objet dont l’utilisation ne pouvait que me fasciner, moi qui ai été longtemps sujette aux rêves agités au point de réveiller toute la maisonnée.

 

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J'évoquais déjà cet objet  dans le Tome 1 de Black Jack Caraïbe pour ceux qui l'ont lu...  et pour ceux qui n'ont pas encore eu le temps de le faire voici l'extrait :

 

"La cérémonie achevée, Amini enterre profondément le cercueil dans cette terre de retrouvailles. Une fois le cercueil recouvert de terre et d’une épaisse couche de ces fleurs jaunes en forme de trompette issues de la liane allamanda, il s’affaire à l’aide d’un treuil à planter juste à côté un jeune flamboyant. Sur l’une des branches, Liliane accroche son précieux chapelet qui lui a si souvent porté chance et protection, mais aussi un chasseur de mauvais rêves, le dreamcatcher des Nord-Amérindiens : un cerceau en bois dans lequel est tissée une sorte de toile d’araignée qui permettra de capturer les mauvais rêves qui seront brûlés dès les premières lueurs de l’aube. Les beaux rêves seront eux gardés dans les plumes d’oiseaux de la Caraïbe qui ornent le pourtour du cerceau sur lequel elle a également incrusté quelques petits galets blancs. Sans ce dreamcatcher, elle serait trop inquiète qu’Huracana  sombre encore dans d’étranges rêves. Mais peut-être que depuis qu’il est mort, ses parents l'importunent moins."

 

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Mais connaissez-vous la légende à l'origine de cet objet artisanal ? Bien qu'on le retrouve presque parmi tous les peuples d'Amérique du Nord, la légende provient du peuple des Hurons. Vous avez remarqué que l'intérieur du cerceau est semblable à une toile d'araignée. Un extrait du Tome 2 La Dame de Pique, vous en apprendra un peu plus sur cette légende :

 

"Mais c’est l’objet qui flotte toujours au vent qui continue à capter toute son attention. Une sorte de cerceau dont le centre contient un tissage comparable à celui d'une toile d’araignée et dont le pourtour est paré de nombreuses plumes.

- C’est un capteur de rêves ou attrape-rêve, dreamcatcher. Cela ne vient pas de notre peuple mais celui des Hurons qui vivent beaucoup plus au Nord. Ce sont de grands commerçants. Ils vendent un peu de tout et leurs objets circulent à travers tout le continent.

- Un capteur de rêves ?   Cela signifie quoi ?

Et la femme se met à lui raconter la légende huronne :

Il y a bien longtemps, lorsque le monde était encore jeune, dans un village autochtone, un Amérindien dormait avec ses frères et ses sœurs dans leur maison longue.

Un jour, l’homme partit à la chasse pour aller chercher le repas pour les prochaines lunes. Il partit loin afin de trouver un orignal s’abreuvant d'eau de source pure coulant de la montagne. Il traversa rivières et fleuves avec courage et détermination, sans apercevoir de chevreuils, ni d’orignaux dans les environs. Il décida alors de partir vers une montagne, songeant que le repas allait bientôt être servi. En chemin, il aperçut une grotte immense dans laquelle pouvait se trouver n’importe quelle bête. Il y entra en y projetant tous ses espoirs.

Dans la grotte, l’orignal était absent. A la place un esprit malveillant s'y trouvait. L’homme se sentit mal, certain d'une sombre présence dans ces profondeurs. C’est alors qu’une bête surgit. Des yeux couleur de sang, un poil noir comme la nuit, un museau retroussé et des crocs prêts à mordre la chair. L’homme sursauta et s'enfuit, paniqué, abandonnant son arc derrière lui, avec une minuscule lueur d’espoir de rester en vie.

De retour au village, l’homme avait les bras vides. Pas de nourriture, ni d’armes pour chasser d’autres bêtes. Et il était terrorisé à l’idée de retourner à la chasse.

Le soir-même, il n’arriva pas à trouver le sommeil. Dès qu’il s’endormait, il voyait encore ces deux yeux couleur de sang le fixer et la bête au poil noir prête à le dévorer. Le soir suivant, il essaya de nouveau de s’endormir, mais sans résultat. Nuit après nuit, lunes après lunes, l’homme ne pouvait plus dormir sereinement. L’esprit de la bête aux yeux de sang le hantait. Plusieurs soleils passaient et rien ne changeait.

Une nuit, l’homme se leva après un cauchemar. Il sortit du village et partit vers la forêt. Mais, exténué, il s’endormit sur le sol couvert de branchages.

Le lendemain à l’aube, l'homme se réveilla impressionné : il n’avait fait aucun cauchemar. Il leva les yeux et aperçut une toile d’araignée où perlait la rosée du matin.

L'homme s’endormit toujours près de la toile qui, au matin, s'illuminait des rayons du soleil.

Puis, il raconta cette histoire à son peuple, qui adopta cette technique.

Liliane emporte avec elle ce capteur de rêves, sensé capturer les mauvais rêves de la nuit dans sa fausse toile d’araignée. Elle espère qu’avec celui-ci Huracana fera moins de cauchemars. Même si celui-ci prétend qu’ils n’en sont pas puisque ce sont ses parents qui le visitent."

 

 

Et hasard du calendrier artistique...

Devinez qui va sortir un nouvel album au mois de mai et qui s'intitulera l'Attrape-rêve, un titre inspiré par son fils qui lui avait ramené un dessin de cet objet (cliquez sur le lien) :

 

Christophe Maé !

 

 

 

À très bientôt, et faites de beaux rêves !

Sinon vous savez quoi vous procurer désormais...

 

Valérie Lieko

 

 


02/03/2016
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